29.4.10

DES GROUPES DE JEUNES FUIENT LES CAMPS, LA DIRECTION OBSERVE LE SILENCE

par Salek ABDELVATAH

Tétanisés, impuissants et donnant l'impression d'être totalement perdus, nous assistons depuis quelques semaines au départ de plusieurs groupes de jeunes vers le Maroc.
Côté officiel, aucune interprétation de ce dégoût des jeunes n'a été avancée jusqu'à présent. Il est peu probable que nos autorités se soient concertées pour arrêter un plan d'urgence afin d' endiguer ce mouvement de ralliement à Rabat . Le dernier rapport du Secrétaire général des Nations Unies sur le Sahara a vraisemblablement beaucoup accaparé l'attention du Président Mohamed Abdelaziz qui attend la fin de ce mois la décision du Conseil de Sécurité. A l'image d' autres questions nationales, le Président délègue les pouvoirs de moins en moins, le problème pourrait être donc voué aux oubliettes, d'autant plus que sa résurgence à ce moment précis écorne sa crédibilité.

Quant aux structures du Polisario en charge des secteurs de la jeunesse, elles ont depuis longtemps démontré leurs limites. Héritières de la défunte organisation politique marxiste créée par les zélés Bechir Sayed, Kalil Sidi Mohamed et Hjeiba Freitiss*, elles sont devenues au fil des ans de petites agences de voyage. Leur activité préférée est la recherche de visas ou de billets pour une certaine clientèle. Les responsables de ces structures placent au top de leurs objectifs l'incidence financière ( ce que ça rapporte…pour eux! ).

Côté populaire, l'opinion la plus générale attribue cette réaction des jeunes à la quête d'un avenir meilleur après l'échec de toutes les formes d'embrigadement mises en œuvre dans les camps. Dans ce sillage, les commentaires fusent de toutes parts. Ils attribuent au Polisario l'institutionnalisation d'un enseignement dépourvu de compétences, de formations octroyées dans des pays amis sur la base de critères douteux, voire népotistes, l'absence d'une politique crédible de la jeunesse… Ils montrent du doigt une génération croulante qui veut mourir au pouvoir et rejette toute idée d'alternance, assurant que les petits jobs confiés à quelques jeunes relèvent de la propagande cosmétique.

Reconnaissons que bien avant ces départs vers le Maroc, une frange du Polisario a essayé de diaboliser l'émigration de jeunes vers l'Espagne. Elle était à dessein assimilée à l'abandon du combat ou quelque chose de ce genre. On évitait de parler des causes et remèdes d'un phénomène qui pénalisait pourtant la pérennité de la lutte.

Espérons que ces départs, cette fois-ci vers le Maroc, seront considérés comme une sonnette d'alarme au mal qui ronge le Polisario et sa jeunesse.

Salek ABDELVATAH

*recyclés dans des fonctions plus humaines
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